SACREMENT DU CORPS ET DU SANG DU CHRIST
Homélie de Frère Aldo (osst)

« Celui qui mange ce pain vivra éternellement »

(Jean 6, 51-58)

La messe est le culte chrétien par excellence. Il n’y a rien au-dessus de l’Eucharistie et l’Eglise depuis 2000 ans, le sait. Elle célèbre son Seigneur avec toute sa foi et son amour. Si elle met des normes et entoure la célébration avec autant de beauté que d’exigences, c’est qu’elle trouve en elle son origine, sa force et son espérance. L’Eucharistie est une action de grâce au Père par le Fils qui se donne en sacrifice par amour dans l’Esprit Saint. Elle est autant mémorial que actualisation. Elle est une plongée dans le mystère d’amour de la Trinité qui est célébrée pour son action et son être de communion. Les Personnes Divines se donnent et se reçoivent et nous communions à cet échange merveilleux par la foi et l’amour qui nous animent. « Comment cet homme peut-il nous donner sa chair à manger ? » s’offusquent les Juifs à l’écoute de Jésus. C’est bien impossible et même problématique si on exclut la Résurrection dans toute sa splendeur et sa dynamique. L’Agneau pascal, immolé sur la Croix, peut se donner à ses frères et sœurs en nourriture pour la vie éternelle.  Anticipation de la communion en la Trinité, beauté d’une célébration qui nous rapproche du Père par le Fils dans l’Esprit.
1.       Eucharistie, don de Dieu.


Dieu s’est révélé et a dévoilé son mystère et depuis, nous recherchons son Image en nous. Dieu s’est incarné et nous a dévoilé sa vie divine et depuis, nous recherchons sa présence vivante en nous. Dieu s’est donné et nous a dévoilé son dessein d’amour et ainsi nous participons à la communion trinitaire. Pédagogiquement, Dieu nous a préparés à cette merveille : la vie éternelle en lui dans la communion. Notre vie désormais se passe dans l’action de grâce pour la création transfigurée en Christ et pour l’amour qui meut notre quotidien, jusqu’à la louange qui n’aura pas de fin en Lui. Notre messe est une participation à cette louange et une communion par le Christ à la vie divine. Que de liturgies trop terre-à-terre ou trop pauvres de symboles ! Que de liturgies ennuyantes et sans âme ! Que de liturgies n’ayant rien de la joie chrétienne d’être aimé, sauvé et sanctifié en la Trinité !

Eucharistie, célébration du sacrifice du Christ : cet aspect sacrificiel est à rappeler. Sacrifice non sanglant mais don du Christ à son Père pour le salut du monde, réparation des conséquences du péché obtenant le pardon, obéissance à la volonté divine remplaçant la désobéissance d’Adam et de tous les hommes. Il y a ici quelque chose qui nous touche au plus profond et qui relève de la justice divine. Le sang du Christ versé sur la croix nous a obtenu la justification et le pardon.

Eucharistie, célébration de la victoire du Christ : cet aspect pascal est à rappeler. Le don du Christ a été accepté et nous a réintroduits dans l’amitié de Dieu. « Ne fallait-il pas que le Christ souffrît? » déclare gravement Luc 24, 26. Ainsi, il fait de nous des êtres nouveaux, hommes et femmes de la Nouvelle Alliance célébrant la victoire de l’Agneau et notre victoire en lui. Il y a ici une satisfaction qui nous touche et qui relève de la certitude de la présence divine par le Christ victorieux !

Eucharistie, communion au Christ ressuscité : cet aspect relationnel est à rappeler. Le Christ avait pour mission de se donner en vérité pour rétablir la vérité des relations défaites par le péché. Non seulement il nous sauve mais il nous plonge dans la communion trinitaire où se trouve désormais notre véritable place. Nous célébrons sa victoire mais aussi notre vie nouvelle en lui dans la communion et le partage. Dès maintenant, nous entrons dans la communion et dès maintenant nous partageons l’amour qui communique entre le Père et le Fils par l’Esprit.

Eucharistie, mystère trinitaire : cet aspect trinitaire est à rappeler. Quand une Personne Divine ou l’Autre agit, c’est toute la Trinité qui agit. Peut-on séparer le Dieu unique ? Même si on parle davantage de l’Une ou de l’Autre, c’est du Dieu unique dont on parle. Peut-on diviser la Trinité ? Notre messe est le reflet de cet Un et de ce Trine qui ne peut être compris que dans l’amour qui sourd de la Résurrection. Il y a ici quelque chose de mystérieux qui touche au Mystère par excellent, l’Être de Dieu, Trinité d’amour et de communion.

2.       Nous sommes le corps du Christ (1 Co 10).

L’Eucharistie est un sacrement. C’est dire que c’est un acte, fait de parole et de matière, qui est présence divine pour notre sanctification. On pourrait tergiverser longtemps sur le comment ou sur l’aspect anthropologique de cet acte. Le pain offert est vraiment le Corps du Seigneur. Le vin consacré est vraiment le Sang du Seigneur. Corps et Sang pour la communion, pour être mangé et bu afin de vivre cette communion. Si l’Eglise parle de ‘transsubstantiation’ qui est le changement mystérieux de la substance du pain et du vin en la substance du Corps et du Sang du Christ sans affecter les apparences (les ‘accidents’), c’est pour expliquer philosophiquement ou théologiquement la merveille qui s’opère devant nos yeux. Mais aucun mot ni aucune philosophie n’expliquera complétement la Résurrection en acte, l’amour qui se vit et la joie qui nous inonde. Il ne nous reste qu’à recevoir humblement et à adorer paisiblement, sachant que tout cela se réalisera pleinement dans la communion en Dieu.

Nous faisons le Corps du Christ : nous sommes l’Eglise et c’est l’Eglise, Peuple Saint de Dieu à la suite du Christ, qui appelle l’Esprit pour ce moment solennel. La puissance de l’Esprit fait l’Eglise mais fait aussi le Corps et le Sang du Seigneur. C’est par lui que s’opère le mystère et que se rend présent le Ressuscité, Image du Dieu invisible, Fils d’un Père qui se laisse toucher. Manger le Corps du Seigneur et boire son Sang, c’est recevoir par le Christ toute la présence trinitaire dans l’amour.

Nous sommes le Corps du Christ : nous sommes l’Eglise et l’Eucharistie fait l’Eglise. Nous recevons ce que nous sommes, le Corps du Christ. Comme corps, nous sommes unis à la Tête et la Tête nous entraîne à sa suite dans le face-à-face éternel. Unis au Christ, nous pouvons voir le Père et vivre de l’Esprit Saint. Recevoir le Corps du Christ, c’est vivre par lui. Ainsi, si on ne peut diviser ce qui est uni ontologiquement, comment diviser ce qui est uni ‘en corps’ ? L’unité de l’Eglise est notre bien précieux, cohérence entre acte et parole.

3.       Conclusion : quand l’amour se fait pain !
La Fête-Dieu est la fête du Corps et du Sang du Christ, donnés pour notre vie et anticipation de la vie éternelle. C’est possible par la force de la Résurrection et par l’amour. Communier, c’est donc participer en recevant le divin en nous.
La Fête-Dieu est la fête de l’Eglise, Corps du Christ, qui célèbre son Seigneur victorieux et présent en elle jusqu’à la fin du monde. Elle attend ce moment de communion totale où le Christ sera tout en tous et où nous resplendirons de sa lumière, sans entrave, sans limite, dans l’amour en la Trinité Sainte.            
 
                          

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